+”Épitaphe”, de Gérard de Nerval, recitado por Alain Cuny

EPITAFIO

Unas veces vivió alegre como un pájaro,
Enamorado, y luego despreocupado y tierno,
Otras sombrío, errático como un triste Pierrot,
Un día oyó que alguien golpeaba su puerta.

¡Era la muerte! Entonces le rogó que quisiese
Dejarle terminar su último soneto,
Y luego fue, impasible, a colocar su cuerpo
Que temblaba, en el fondo del helado ataúd.

Era un hombre holgazán, según cuenta la historia,
El tintero en su mesa se secaba olvidado.
Todo quiso saberlo, y nada consiguió.

Y al llegar el momento en que, harto de esta vida,
Al fin voló su alma, una noche de invierno
Dejó el mundo diciendo: “¡Para qué vine aquí!”.

GÉRARD DE NERVAL 
(Las quimeras y otros poemas. Versión de Anne Marie Moncho y José Luis Jover. Madrid, Visor, 1974. La traducción de este poema es de Anne Marie Moncho.)

“Épitaphe”, de Gérard de Nerval

ÉPITAPHE

Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu’à sa porte on sonnait.

C’était la Mort ! Alors il la pria d’attendre
Qu’il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis sans s’émouvoir, il s’en alla s’étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

Il était paresseux, à ce que dit l’histoire,
Il laissait trop sécher l’encre dans l’écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n’a rien connu.

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d’hiver, enfin l’âme lui fut ravie,
Il s’en alla disant : " Pourquoi suis-je venu ? ".

GÉRARD DE NERVAL